Né juste avant le tournant du nouveau millénaire, Némo Flouret s’inspire de l’agitation des années 1990 pour en faire le matériau premier d’une partition chorégraphique de groupe. Pensée pour des endroits en friche, cette pièce électrise ces sites délaissés, vestiges d’un passé industriel révolu, par un mouvement d’accélération constant qui frôle le déraillement.

Passé par P.A.R.T.S., Némo Flouret développe un travail in situ qui prend vie au contact de lieux hybrides : un tunnel, le musée du Louvre pour Forêt en collaboration avec Anne Teresa de Keersmaeker, ou des espaces à l’écart de la vie urbaine. Le chorégraphe propose à huit interprètes d’arpenter chaque lieu comme terrain d’irruption de leur danse. Déplacements vifs, lignes de corps précises et affûtées zèbrent l’espace, dialoguent avec l’architecture, dans une partition chorale qui ressemble à une course contre la montre. Les corps s’engagent dans une mécanique qui s’emballe, à la faveur de boucles où un ballet de lumières, un jeu de poulies et de bandes magnétiques accompagnent chaque trajectoire, sculptant de nouvelles images qui s’ajoutent à la mémoire des gestes passés. Pour la Biennale, c’est au Rockerill à Charleroi, lieu mythique de la mémoire sidérurgique, qu’apparaîtra cette danse.